Filochard, Ribouldingue, et Croquignol, les trois lascars des Pieds Nickelés, arrivent au monde le 4 juin 1908 dans le numéro 9 de L’Épatant, magazine des éditions Offenstadt destiné aux enfants. Créés par Louis Forton, un enfant de l’Orne, ces trois personnages iconoclastes, populaires, comiques, repris ensuite par René Pellos, remportent un incroyable succès. Avec près de cent cinquante albums et un bon mot attribué à Pierre Tchernia : « Les Républiques passent, les Pieds Nickelés restent ». Pionnier de la bande dessinée populaire, Louis Forton n’était pas destiné à devenir dessinateur et scénariste au talent irrévérencieux. Son milieu, c’est le cheval. Il naît le 14 mars 1879 à Sées dans l’Orne, où un groupe scolaire porte son nom. Ado, il suit ses parents à Marly-le-Roi où son père ouvre un nouveau commerce de chevaux. Louis est garçon d’écurie, lad, jockey. Quand sur un champ de courses, il fait la connaissance des frères Offenstadt. Ces derniers l’engagent comme dessinateur pour le journal L’Illustré en 1904, remplacé par Le Petit Illustré.
Forton multilplie alors les séries, des aventures de Séraphin Laricot aux exploits d’Isidore MacAron et Anatole Fricotard. Les Pieds Nickelés le consacrent. Comme un parieur, Forton veut toujours plus, il crée d’autres bandes dessinées : Le Cavalier Baluchon, Les Tribulations de Berlingot, Les 26 métiers de Caramel... En 1924, apparaît dans Le Petit Illustré, Bibi Fricotin. Ce titi parisien gouailleur et farceur aura une vie parallèle à celle des Pieds Nickelés. Lui aussi, avec des pères différents, traverse triomphalement le XXe siècle. Son premier père meurt à l’âge de 54 ans au cours d’une intervention chirurgicale à Saint-Germain-en-Laye, en 1934.