On peut dormir chez Maupassant. À Tourville-sur-Arques, près de Dieppe, les propriétaires actuels du château de Miromesnil ont ouvert des chambres d’hôtes. La grande bâtisse normande aux briques orangées faisait rêver d’aristocratie Laure Le Poittevin, la maman de Guy. Elle la loua pour y accoucher le 5 août 1850. Elle n’avait d’ailleurs accepté d’épouser Gustave Maupassant qu’à la condition qu’il puisse adjoindre une particule à son nom. Laure est la sœur d’Alfred Le Poittevin, ami intime de Flaubert. De 29 ans son aîné, le créateur de Madame Bovary prend le jeune Guy sous son aile : « Oui, monsieur, il faut, entendez-vous, jeune homme, il faut travailler plus que ça. Tout le reste est vain, à commencer par vos plaisirs et votre santé ; foutez-vous cela dans la boule. » En 1880, année où meurt Flaubert, Boule-de-Suif révèle la vocation de conteur de Maupassant. La nouvelle paraît dans Les Soirées de Médan, recueil d’un groupe d’écrivains naturalistes animé par Zola.
Peintre de « l’humble vérité », d’un pessimisme radical, Maupassant écrit comme un forcené. En dix ans, pas moins de trois cents nouvelles réunies en dix-huit volumes et six romans. La Normandie l’habite. Il se fait construire La Guillette à Étretat, où la maison d’été existe toujours au 57, rue Guy-de-Maupassant. Plus tard, il voyage en Méditerranée à bord de son yacht Le Bel-Ami, titre d’un de ses plus beaux textes, écrit à Étretat. Malade, victime de la syphilis, il fait une tentative de suicide à 42 ans. Interné à la clinique du docteur Blanche à Paris, il y meurt quelques mois plus tard.